Algues bleu-vert – Cyanobactéries

 

Les cyanobactéries sont des microorganismes aquatiques qui présentent à la fois des propriétés communes aux bactéries et aux algues. Elles ont les mêmes structures cellulaires que les bactéries, mais possèdent de la chlorophylle ɑ pour faire de la photosynthèse, comme les algues. La plupart des espèces de cyanobactéries ont des pigments bleus et vert, d’où leur nom d’algues bleu-vert. Mais certaines espèces peuvent être d’autres couleurs : vert olive, vert foncé, violet et même rouge.

Lac Ouellette, Ferme-Neuve
Lac Vert, Lac-Saint-Paul

Les cyanobactéries sont apparues il y a trois milliards d’années. Puisqu’elles produisent de l’oxygène, elles auraient contribué à l’apparition de l’oxygène atmosphérique et permis le développement d’autres formes de vie plus évoluées. Elles sont toujours présentes de façon naturelle dans les lacs et ne causent pas nécessairement de problèmes particuliers, car elles sont en faible concentration. Toutefois, elles deviennent problématiques lorsqu’elles se multiplient rapidement et forment des accumulations visibles à l’œil nu que l’on nomme « fleur d’eau », « floraison », « efflorescence » ou en anglais « bloom » de cyanobactéries. Cette apparition importante de biomasse, généralement verte, peut ressembler à de l’écume ou à une soupe aux pois verts. Elle peut persister longtemps ou disparaître rapidement.

Quels sont les facteurs à l’origine des proliférations?

On ne peut prédire le moment de l’éclosion d’une fleur d’eau de cyanobactérie. Toutefois, certains facteurs principaux peuvent être identifiés : une eau calme et stagnante, une augmentation de la température de l’eau et une eau riche en nutriments (principalement en phosphore). Ce dernier facteur est le plus important. La présence d’une fleur d’eau de cyanobactérie est un signe de l’enrichissement ou d’eutrophisation du lac.

Le phosphore est naturellement présent dans les roches, les sols et les végétaux. L’altération des roches, le lessivage des sols par les eaux de pluie et la décomposition des végétaux le redistribue dans le milieu naturel. Cet élément est donc contenu dans les sédiments terrestres et aquatiques ainsi que dans les lacs et cours d’eau. C’est ce que l’on nomme le cycle naturel du phosphore. Il existe aussi des sources externes de phosphore reliées de près aux activités de l’homme :

  • les rejets d’eaux usées municipales, industrielles ou agricoles
  • les installations septiques
  • le ruissellement et l’érosion des terres perturbées par des activités forestières, agricoles, commerciales, de villégiature, d’urbanisation, de construction d’infrastructures
  • la pollution diffuse provenant de l’utilisation des engrais en agriculture, sur les golfs ou les terrains publics et privés

Quoi faire en présence d’une fleur d’eau de cyanobactérie?

En présence d’algues bleu-vert, il faut éviter le contact direct et prolongé avec la fleur d’eau ou à proximité de celle-ci. Il faut aussi empêcher les enfants et les animaux domestiques de jouer ou de boire dans cette eau. Si votre prise d’eau individuelle se trouve à proximité d’une fleur d’eau, évitez d’utiliser cette eau pour boire, préparer des boissons ou des glaçons et pour préparer ou cuire des aliments. Bouillir l’eau N’ÉLIMINE PAS les toxines.

Lorsque vous croyez détecter une fleur d’eau de cyanobactéries, signalez-la au bureau du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) de votre région. Si possible, prenez une photo et remplissez le formulaire Constat visuel de la présence d’une fleur d’eau.

Un inspecteur du MDDELCC régional évalue la situation et la possibilité de prélever des échantillons afin de confirmer la présence d’algues bleu-vert. Si celle-ci est confirmée, il en informe les directions de la santé publique qui, si nécessaire, émettent des avis de santé pour limiter les utilisations de l’eau.

Numéro à composer pour les directions régionales du MDDELCC :

Laurentides : (450) 433-2220

Outaouais : (819) 772-3434

Prévention

Pour prévenir l’apparition de cyanobactéries, il est impératif de limiter l’apport de matières nutritives, particulièrement le phosphore, dans nos lacs.

Il est possible de réduire nos apports de phosphore. Pour ce faire, chaque petit geste compte :

  • Reboiser les rives : La bande riveraine d’un lac est responsable du maintien de l’équilibre des écosystèmes riverains et lacustres. Toutefois, en recouvrant le sol de matériaux inertes (asphalte, béton, gravier) ou en retirant la couverture végétale naturellement présente sur les rives, la bande riveraine perd ses propriétés essentielles. Le rôle de la végétation de rivage est de retenir l’écoulement des eaux vers le plan d’eau, d’absorber le phosphore présent dans les sédiments, de stabiliser et de retenir le sol pour éviter l’érosion. Un terrain gazonné n’a pas un système racinaire suffisant pour permettre la filtration naturelle des eaux riches en nutriments dans le sol. Il les laissera plutôt s’écouler vers le plan d’eau.
  • Restreindre l’application d’engrais : L’application d’engrais (naturel ou chimique) sur le sol aide à la croissance des végétaux terrestres. Toutefois, il offre une dose supplémentaire en nutriments au sol, et une bonne partie ruissellera inévitablement vers le plan d’eau, favorisant ainsi la croissance des végétaux aquatiques.
  • Utiliser des détergents écologiques et sans phosphates : Certains détergents contiennent des phosphates, spécialement les détergents à lave-vaisselle. Veuillez noter qu’un savon biodégradable n’est pas nécessairement sans phosphates, il faut bien lire l’étiquette. De plus, réduire l’utilisation de produits nettoyants chimiques peut améliorer l’efficacité de votre installation septique. La biodégradation de la matière organique est faite par les bactéries naturellement présentes dans votre installation septique et dans le sol. L’apport de produits chimiques viendra contrecarrer leur rôle en les éliminant.
  • Entretenir et vidanger régulièrement votre installation septique : Les eaux usées générées par les habitations peuvent représenter, à divers niveaux, une source de nutriments. Une installation septique a un impact environnemental qui varie selon les caractéristiques naturelles du terrain, les spécificités de l’installation, son emplacement par rapport au plan d’eau et la mise en application des normes d’entretien relatives à son utilisation.

Une installation septique doit être installée dans un terrain permettant une performance maximale du dispositif de traitement des eaux usées. Celui-ci doit être situé le plus loin possible du plan d’eau, afin de permettre une infiltration dans le sol des eaux usées pendant une période de temps suffisamment longue pour que les polluants soient biodégradés par les bactéries. Une partie des nutriments sera aussi utilisée par les végétaux de la bande riveraine. En l’absence de ces conditions, les nutriments émis par l’installation auront un effet direct sur les plans d’eau à proximité.

La pollution sera encore plus « directe » si vous ne possédez pas d’installation de traitement, s’il y a présence d’une conduite de trop-plein ou de résurgences, ou bien si votre système septique est défectueux. Certains signaux peuvent vous indiquer une défectuosité dans votre installation, par exemple :

  • refoulement des égouts dans les drains ou la cuvette des toilettes;
  • évacuation lente des eaux de la cuvette;
  • présence d’un sol humide ou d’odeur nauséabonde près du champ d’épuration;
  • croissance excessive de la végétation aquatique ou d’algues près de la rive;
  • présence de bactéries ou de nitrates dans l’eau de votre puits.

Dans ces circonstances, des corrections doivent être apportées aux dispositifs de traitement des eaux usées, en vertu du Règlement sur l’évacuation et le traitement des eaux usées des résidences isolées (Q2-r.22). Il est aussi important de faire vidanger sa fosse septique à la fréquence prescrite, soit aux deux ans pour une résidence principale, ou au quatre ans pour une résidence secondaire.

Pourquoi les cyanobactéries représentent-elles un risque pour la santé ?

Certaines espèces de cyanobactéries libèrent des poisons naturels lors de la rupture des cellules. Ce sont les cyanotoxines. La toxicité d’une eau affectée par une prolifération de cyanobactéries dépend des espèces présentes. En effet, certaines espèces ne sont pas toxiques.

Le contact ou l’ingestion d’une eau contaminée ayant une concentration élevée de cyanotoxines est responsable de plusieurs malaises (maux de ventre, diarrhées, fièvre, irritation). Très peu de cas graves ont été rapportés en Amérique du Nord. Par contre, les symptômes d’une intoxication aux cyanotoxines peuvent être attribuables à d’autres maladies (ex : gastro-entérite, grippe, maux de gorge, irritation aux yeux et oreilles, dermatite) ou peuvent être causés par d’autres éléments présents dans l’eau. En cas de doutes, il vaut mieux consulter un médecin.

Lacs atteints dans les bassins versants de la Lièvre et de la Blanche

Depuis 2004, le MDDELCC émet la liste des lacs qui ont été touchés par une fleur d’eau de cyanobactéries. Cette liste est maintenant disponible à la fin de chaque été. Il est possible cependant de la consulter pour les années précédentes en effectuant une recherche. Il est à noter que depuis 2008, le Ministère détermine qu’une problématique de fleur d’eau de cyanobactéries correspond à une concentration égale ou supérieure à 20 000 cellules/ml. Certains lacs qui ont été touchés par des algues bleu-vert avant 2008 sont aujourd’hui considérés comme non touchés.

Pour voir la liste des plans d’eau touchés par une fleur d’eau d’algues bleu-vert de 2004 à 2015 et les plans d’eau récurrents signalés depuis 2013, consultez :

La liste des plans d’eau touchés par les cyanobactéries ; MDDELCC

Bilan de la gestion des épisodes de fleurs d’eau d’algues bleu‑vert ; MDDELCC